Vous les avez probablement croisés ce matin sur les ronds-points ou devant les écoles. Les enseignants faisaient grève pour dénoncer le projet de réforme de l'enseignement du gouvernement MR - Engagés, qui prévoit de réaliser des économies importantes.
Les piquets de grève plutôt que les salles de cours, c'est le choix de plusieurs milliers d'enseignants en ce 26 novembre pour protester contre les économies annoncées par le gouvernement de la FWB. Professeure de néerlandais à l'Institut technique horticole de Gembloux, Fabienne Bilterijs fait partie des enseignants grévistes. Elle est particulièrement inquiète pour ses élèves.
"L'action d'aujourd'hui, elle est vraiment importante pour sensibiliser le grand public, les élèves, les parents et les citoyens en général de toutes les mesures annoncées par la ministre et qui vont avoir un impact indéniable sur tout le monde."
Parmi les mesures gouvernementales, Fabienne regrette notamment la suppression de la 7e année dans le secteur des qualifications. Un choix dommageable, car, selon elle, cette année de spécialisation offre aujourd'hui la possibilité à l'étudiant de devenir polyvalent lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail.
"Chez nous à l'Institut à Gembloux, certains étudiants viennent pour avoir une spécialisation en arboriste grimpeur-élageur, une année qui n'est organisée qu'en 7e professionnelle" explique l'enseignante. "Avec la réforme, ils pourront obtenir leur diplôme en horticulture au bout de 6 ans. Mais ils ne pourront jamais aller chercher cette spécialisation à l'école".
Les publics fragilisés visés
Derrière la réforme de l'enseignement, les syndicats des enseignants dénoncent une volonté gouvernementale de faire des économies, à la fois sur le dos du service public et des jeunes les plus précaires."On se rend compte que ce sont les élèves les plus fragilisés qui sont visés" relève Christian Brodkom, enseignant et délégué SETCa-SEL Brabant Wallon.
Pour lui, le gouvernement doit faire machine arrière et se rendre compte que "l'école a une fonction réelle d'éducation à la citoyenneté et à l'émancipation."
Une mesure "populiste"
Autre mesure qui fait débat et qui concerne directement les enseignants : la suppression des nominations au profit de contrats à durée indéterminée. Si elle n'aura financièrement que peu d'effets, Jean-Pierre Turpin, directeur de l'école secondaire de Saint-Guibert à Gembloux, critique également la logique derrière cette supression.
"Ce que je déplore, c'est l'effet vexatoire et un peu populiste de cette mesure". Pour la justifier, "on essaye de nous fait croire qu'un enseignant, une fois nommé, ne fait plus rien. C'est complètement faux. Je suis dans l'enseignement depuis très longtemps et je peux vous dire que je n'ai jamais observé ce phénomène. Je ne vois donc vraiment pas l'utilité de supprimer la nomination des enseignants".
Les syndicats sont formels : ce mouvement de grève n'est qu'un début ! Si la Ministre Glatiny ne revoit pas rapidement sa copie, les enseignants se disent prêts à redescendre dans la rue dans les prochains mois, voire les prochaines semaines.