Dans quelques semaines, il sera possible d’évaluer la qualité du sol de votre jardin ou potager grâce à des tests simples sur le terrain. Le CRA-W, situé à Gembloux, développe actuellement un outil clé en main pour analyser l’état de votre sol.
Brieuc Hardy est pédologue. Il travaille en tant que scientifique spécialiste des sols au Centre de recherche agronomique wallon (CRA-W) à Gembloux. En collaboration avec une dizaine de chercheurs, il mène des tests pour développer un outil visant à sensibiliser les citoyens à la richesse des sols et aux nombreux services qu'ils offrent. Son nom : l'IQSW, l'Indice de la Qualité des Sols Wallons.
"Nous concevons un outil qui permettra à chacun de comprendre la qualité du sol de son jardin ou de son potager, sans formation spécifique," explique le chercheur Brieuc Hardy. "Il suffit simplement d'avoir un peu de curiosité pour utiliser l'indice."
Mobiliser le toucher, la vue...
Afin de proposer un outil simple et fiable aux citoyens, plusieurs procédures sont testées sur le terrain avant d'être validées. Parmi ces tests, il y a celui du couteau, qui consiste à planter l'instrument dans une motte de terre pour évaluer la résistance du sol.
"Si la résistance est faible, cela signifie que le sol est plutôt meuble. Cela indique a priori que la structure est favorable à la circulation des racines et donc à l'installation des plantes ou à la culture d'un potager," précise le scientifique. "En revanche, si le sol est plus compact, cela peut signaler des zones de tassement ou indiquer qu'il manque de matières organiques pour que sa structure se régénère."
Le test du couteau fait appel au sens du toucher, mais d'autres tests mobilisent la vue. Par exemple, observer la couleur de la terre est un indicateur très utile pour détecter des risques de pollution. "En présence de gravats, de scories ou de charbon, le sol aura tendance à être noirâtre," explique Louis Vandebroek, directeur du département des sols chez Aries Consultants, partenaire du CRA-W dans le projet IQSW. "Si des hydrocarbures, comme du mazout, sont présents, on observera des teintes grisâtres ou verdâtres qui contrastent avec le sol sain autour."
... et l'odorat
Troisième sens intégré dans cet outil citoyen : l'odorat. Les odeurs du sol peuvent en effet fournir des indices précieux sur la présence d'organismes vivants. Brieuc Hardy, en prenant un échantillon de terre prélevé dans un champ agricole, prend le temps de renifler le sol.
"Dans le sol, on peut trouver des microorganismes anaérobies, qui vivent en l'absence d'oxygène. Ces organismes produisent des odeurs particulières. Par exemple, dans ce champ, l'odeur de vase indique la présence de ces organismes anaérobies. Cela montre qu'il y a un problème de structure du sol et d'évacuation de l'eau."
L'outil citoyen pour évaluer la qualité des sols sera officiellement présenté au grand public lors de la semaine du Printemps des Sciences, en mars prochain. Parallèlement, le CRA-W développe également un indicateur de qualité des sols destiné aux professionnels qui exploitent, protègent et restaurent les terres.