A Gembloux Agro-Bio Tech, le chercheur Clément Martin réalise des prélèvements d'odeur sur des os humains. Le but : récolter des molécules pouvant entraîner les chiens de policiers à retrouver des corps d'humains disparus depuis plusieurs années.
Mettre son nez dans les odeurs de reste d'os humain, c'est l'activité qui occupe le chercheur FNRS Clément Martin depuis le mois d'avril.
Dans son laboratoire, il tente d'identifier les molécules présentes dans l'odeur des os, pour ensuite entraîner les chiens de police à les reconnaître lorsque les canidés doivent utiliser leurs capacités olfactives pour retrouver des personnes présumées mortes depuis longtemps.
"Généralement, les chiens sont très efficaces pour retrouver des corps dont les chairs en décomposition sont toujours présentes parce que c'est très odorant" explique le chercheur Martin.
"Par contre, ils ont plus difficile à reconnaître des ossements parfois vieux de 4 ou 5 ans. Le but ici, c'est donc de comprendre quelle est l'odeur d'un os qui se décompose à partir d'une certaine période et de pouvoir entraîner des chiens qui vont être spécialisés à trouver des ossements. "
Un prélèvement filtrant, suivi d'une analyse au chromatographe
Pour réaliser ses prélèvements, le chercheur Martin place les ossements qu'il récupère dans une cuve fermée. Ils y restent plusieurs semaines, le temps d'émettre suffisamment d'odeur dans cet environnement clos.
"On vient prélever l'odeur à l'aide d'une pompe qui va aspirer l'odeur présente autour des ossements dans la cuve. L'ensemble des molécules vont être captées dans une cartouche, un peu comme un filtre à café."
Une fois les échantillons récupérés, il faut se rendre dans un second laboratoire de Gembloux Agro-Bio Tech. Ici, les cartouches vont être analysées à l'aide d'une machine imposante : un chromatographe en phase gazeuse.
"Un bras va venir prendre la cartouche et la placer dans une chambre qui va atteindre une température de 280°" décrit Clément Martin. "Ensuite, on va utiliser de l'hélium qui va passer à travers la cartouche pour emmener les molécules d'odeur dans le chromatographe".
Des données graphiques
À la fin du processus d'analyse, on obtient des données qui apparaissent sous forme de graphique. "Sur chaque pic du graphe, on a une carte d'identité d'une molécule qui correspond à une odeur qu'on a prélevée sur les os".
Pour mener à bien son projet, Clément Martin travaille aujourd'hui en étroite collaboration avec un anthropologue qui lui prête des ossements. Mais il tente également de se mettre en relation avec des légistes, dans le but de réaliser directement des prélèvements sur les sites où l'on retrouverait des os humains.