Transformer le bois en meubles ou en charpentes implique d'abord de le sécher. Pour que cette étape devienne plus durable, la coopérative "Copains des Bois" développe aujourd'hui un outil innovant : des séchoirs à bois à l'énergie solaire.
Derrière le parking du Demna (Département de l'Étude du Milieu naturel et agricole) à Gembloux, deux constructions en bois et un contener aménagé trônent fièrement le long des voies du chemin de fer. À première vue, ces structures ressemblent à des habitats légers. Mais leur fonction est en réalité tout autre.
Une fois ouvertes, on découvre à l'intérieur de ces abris des séchoirs à bois alimentés grâce à l'énergie solaire. Le fonctionnement est simple : de l'air chaud est généré grâce à des panneaux solaires et est ensuite injecté dans un séchoir pour aller pomper l'humidité du bois stocké.
"L'air sert à plusieurs choses, notamment à amener la chaleur qui va accélérer les transferts d'eau au sein du bois", explique Guillaume Charles, chercheur en gestion des ressources forestières à Gembloux Agro-Bio Tech. "Et en même temps, cet air va agir comme une éponge et éliminer l'humidité du bois."
Une faible empreinte carbone
Sur papier, tout type de bois peut passer par ces séchoirs solaires. Mais pour des raisons techniques et économiques, certaines essences sont davantage privilégiées.
"Ce séchage artificiel est surtout destiné à du bois de plus grande valeur, donc plutôt pour des essences feuillues. Et plutôt pour du bois qui sera utilisé en intérieur dans un environnement sec et chaud, dans le but de fabriquer des portes, des meubles ou du parquet", détaille Yannis Govaert, porteur du projet des séchoirs avec la coopérative "Copains des bois".
Recourir à l'énergie solaire pour sécher le bois permet de s'affranchir des énergies fossiles généralement utilisées dans le secteur. La plus-value environnementale est réelle et le modèle facilement reproductible. "Il n'y a pas de circuit électronique très complexe ou de composants très spécifiques comme on pourrait retrouver dans une pompe à chaleur ou une chaudière", continue Yannis Govaert. "C'est très résilient. On pourrait, par exemple, tout à fait reconstruire ces séchoirs au milieu du Congo, avec des matériaux présents sur place."
Des résultats encourageants
Débuté en 2023, le projet de séchoir solaire garantit aujourd'hui un degré de performance élevé. Capable de préserver la qualité du bois une fois devenu sec, l'outil est opérationnel durant une grande partie de l'année. Guillaume Charles avance que "dans les conditions climatiques que l'on connaît en Wallonie, on peut sécher le bois au moins 8 mois sur l'année".
Et en hiver, durant les quatre mois restants, "on peut quand même utiliser les séchoirs comme des pré-séchoirs. Ils permettent déjà de descendre le taux d'humidité du bois pour qu'il devienne assez homogène au sein du chargement."
Dans les semaines qui viennent, les porteurs du projet doivent soumettre un rapport reprenant les observations et analyses réalisées. Une fois cette étape franchie, ils espèrent pouvoir débloquer de nouveaux financements pour que le concept prenne de l'ampleur et devienne commercialisable.