Le week-end dernier, une saisie record a été effectuée dans une ferme à Enghien. 470 moutons ont été sauvés d'un abattage illégal lors de l'Aïd-El-Kébir. Selon les refuges, les saisies comme celles-ci se multiplient. Pour certains, cela devient ingérable. Comme au Rêve d'Aby, à Beuzet.
Depuis la saisie record du week-end de la fête musulmane Aïd-El-Kébir, le cheptel recueilli au Rêve d'Aby a doublé. De 90 moutons, il est passé à 180. Ce qui pousse le refuge gembloutois à investir dans sa bergerie. Des travaux sont actuellement menés pour agrandir l'espace et tripler la capacité d'accueil.
Car le refuge est débordé par les saisies, ces derniers mois. "Cette année, je ne sais pas ce qu'il se passe mais on n'arrête pas", déplore Sophie Locatelli, présidente du Rêve d'Aby. Le refuge est même obligé de refuser les demandes d'abandons, tant les animaux saisis sont nombreux et nécessitent des soins.
Déjà près de 1.300 animaux sauvés en 2024
Au niveau wallon, le nombre de saisies a doublé, alors que le nombre d'animaux saisis a triplé par rapport à l'année dernière. Sur le premier trimestre 2024, 79 saisies ont été effectuées pour sauver 1.280 animaux. À la même période, en 2023, 43 saisies avaient eu lieu pour sauver 484 animaux.
Au sein de l'Unité wallonne du Bien-Être animal (UBEA), on avance plusieurs explications à ces chiffres. On constate notamment une grande fragilité sociale chez les gens à qui les animaux sont saisis. "Dans la plupart des cas, c'est de la négligence. Le syndrome, qu'on appelle le syndrome de Noé où des gens collectionnent des animaux. Ils sont convaincus qu'ils aiment leurs animaux et qu'ils arrivent à leur offrir de bonnes conditions de détention. Or, ces gens sont parfois complètement dépassés", analyse Bruno Cardinal, coordinateur de l'UBEA.
Quid des sanctions?
Au Rêve d'Aby, on s'inquiète que la législation soit trop laxiste envers les personnes coupables de maltraitance animale. L'UBEA comprend le ressenti mais insiste : des sanctions sont prévues. Lorsqu'une infraction est constatée, un procès-verbal est dressé. En fonction de la gravité, celui-ci peut donner lieu à des poursuites judiciaires ou administratives. Malheureusement, les services, eux aussi surchargés, prennent parfois jusqu'à deux ans pour faire tomber les sanctions. Au grand dam des associations œuvrant pour le bien-être animal.