La tenancière du café de la Petite Place, à Grand-Leez, ne songe pas à prendre sa retraite. Mais elle sera la dernière à gérer ce type d'établissement, où l'on sert des verres à toute heure de la journée.
C'est un lieu préservé, au centre du village de Grand-Leez. Le café de la Petite Place est ouvert depuis près de 40 ans. Rien n'a vraiment changé, à commencer par la patronne, Adèle Denil. À plus de 80 ans, elle sert encore à boire à ses clients fidèles.
Une vie derrière le comptoir
Adèle a repris le "Salon Rouer" en 1969, pour aider son mari Willy, dont les parents étaient propriétaires de l'endroit. Dans cette salle, les Grand-Leeziens se retrouvaient pour swinguer et boire un verre. En 1985, le couple déménage de l'autre côté de la place. Au rez-de-chaussée de leur logis, ils installent "Le café de la Petite Place". Il existe toujours aujourd'hui.
D'abord ouvert 7 jours sur 7, le café accueille les clubs et les jeunes des environs. Colombophiles, danseurs, cyclistes,... Le café est aussi un lieu de rendez-vous pour les joueurs de fléchettes ou de pétanque. "C'était bon enfant, se souvient Adèle. Personne ne venait pour gagner des prix." Les soirées se terminent souvent après minuit. Quelques heures de sommeil, et la patronne est repartie pour un nouveau service. Pas ou peu de vacances, la vie d'indépendant est difficile.
L'un des derniers cafés traditionnels
Adèle et Willy trouveront néanmoins le temps de rendre visite à de lointains cousins d'Amérique. Dans le village de Duvall, dans le Wisconsin, un ancêtre de Willy a fondé le "Joe Rouer's Bar", où l'on sert encore des burgers très "made in USA". Le couple conserve des souvenirs de ce voyage.
Aujourd'hui, le café de la Petite Place reste fermé les lundi et mardi. Faut bien souffler. Les fidèles sont moins nombreux qu'avant. Les jeunes ne viennent plus au café. Adèle sait qu'aucun de ses enfants (elle en a eu six) ne reprendra l'établissement. Trop de contraintes, trop de charges administratives. Avec Willy, elle continue de servir en souriant les joueurs de belote du dimanche matin et les clients de passage. Elle reste la gardienne d'un des derniers cafés traditionnels de la région.